• Je ne sais pas comment intituler ce billet - Ah si, la suite

    (Dans la continuité du billet précédent)

    Bref, finalement, j'ai du faire la moitié (enfin, un peu plus quand même) de ce que je voulais écrire dans le billet précédent.

    Avertissement : à force de lire et de relire le billet, je sais plus s'il se tient.


     

    Résumé de l'épisode précédent : après avoir subi une torture des entrailles tous les mois pendant presque deux ans à cause d'une chose horrible savamment nommée « SPM » (pour syndrome pré-menstruel – mais qu'elle rebaptiserait volontiers « SM » dans son cas), Nanou s'est enfin passée de ses règles, grâce à une pilule magique (tout basiquement, une pilule œstro-progestative), et ce, à son plus grand soulagement.
    Soulagement qui dure encore (depuis, elle est passée au patch, mais ceci est une autre histoire) et qui durera jusqu'à l'éternité (oh que si) à moins d'une catastrophe super-super-super cataclysmique.
    (qu'emporter sur une île déserte ? des bouquins et ses patchs).

     


     

    Au début, je ne m'en rendais pas bien compte, ma maman a elle seule n'étant pas un échantillon représentatif de la population (vous connaissez beaucoup de gens nés le même jour et la même année que Laurent Ruquier (c'est vieux, hein  ?) qui instruisent leurs enfants et qui font de la broderie vous ? C'est ça l'ennui des modèles uniques. Ils ne sont pas représentatifs ;-) ).

    Mais je crois que je serai toujours stupéfaite de constater combien les gens (du moins, la majorité de ceux que j'ai croisés) peuvent être franchement ignorants dans certains domaines. Enfin, un certain domaine. Spécialement, un domaine qui est très susceptible de directement les concerner (c'est dans la continuité du précédent billet, vous devez savoir de quoi je parle ;) ).

     

    Quand les gens (me) disent que l'école c'est obligatoire, je me sens un peu obligée de rectifier. Mais, comme ne pas aller à l'école n'est pas spécialement répandu dans la population, je peux éventuellement me montrer compréhensive.
    Peut s'ensuivre une intéressante discussion (ou réflexion) comme .

    Un peu pareil quand il s'agit de contraception (généralement, entre camarades, au fil du semestre, on finit par discuter – un petit peu –  de tout).
    Même si là, je comprends beaucoup moins bien que les gens soient aussi peu informés à ce sujet, qui concerne quand même une grande part de la population et assez probablement eux-mêmes un jour ou l'autre (je radote, je saiiiis !).

    De la part d'étudiantes en bio (bac scientifique, donc bon, on pourrait supposer une bonne maîtrise du domaine, un intérêt prononcé pour les sciences de la vie, tout ça tout ça), j'ai donc entendu pas mal de choses.
    Ainsi, selon mes camarades, la simple possibilité de ne pas avoir de règles sous pilule (un exemple parmi d'autres, comme pour l'école à la maison, pas de prosélytisme, parce que j'ai horreur de ça) :

    • c'pas possible,
    • c'est pas naturel,
    • c'pas normal enfin.
    (vous constatez les solides arguments de ces affirmations ;-) ).

    Écoutez les filles, croyez-moi ou pas (visiblement, c'était pas), mais prendre une contraception pour ses règles c'est pas moins naturel que prendre une contraception pour la contraception (mais l'argument n'a pas fait mouche. Je ne comprends toujours pas pourquoi).
    Pour le naturel et la normalité, faudrait arrêter de sacraliser tout et n'importe quoi qui a trait au corps (mais je vous préviens quand même, si vous touchez à un seul de mes cheveux ou que vous les approchez pour leur faire du mal, je vous tue). Et puis, ce qui est normal pour X n'est pas forcément normal pour Y. Peu courant OK, anormal, mmmh... À chacun sa normalité.
    Et puis d'ailleurs, ce n'est pas normal non plus d'avoir des saignements sous pilule une semaine par mois ! Ces saignements :
    1) ne sont pas des règles : ce sont des hémorragies de privation provoquées par l'interruption de l'administration des hormones pendant une semaine, après 3 semaines de prise. En plus sous pilule, le cycle est suspendu (ça aussi, pas mal d'étudiantes l'ont loupé ... Attendez, Nanou va se prendre un remontant), il n'y a pas de croissance de l'endomètre donc pas de règles. Si vous avez vraiment des règles (des vraies de vraies, de l'endomètre, pas des hémorragies de privation) sous pilule, c'est que votre pilule n'est pas assez dosée et c'est assez inquiétant parce que dans ce cas, elle ne sert à rien.
    2) ont été instaurés pour favoriser la prise de la pilule dans les années 60 : en faisant singer un "cycle" (faux et inexistant sous pilule), cela rendait la prise de la contraception hormonale plus "acceptable" (la pilule a au départ été conçue pour être prise sans interruption).
    3) n'ont aucune signification (on peut être enceinte sous pilule et avoir des hémorragies de privation - alors que j'ai entendu « ça me rassure, comme ça, je sais que je ne suis pas enceinte » ).
    Mais je crois que ça leur a fait trop d'informations à intégrer en une seule fois, et que du coup, il y a eu une espèce de court-circuit dans leur tête. Tant pis :(.

    J'ai certainement entendu :

    • c'est grâce à mes règles que j'ai l'impression d'être une vraie fille/femme

    (attendez un peu)
    (Nanou fait une syncope)

    Cette phrase, on peut aussi la faire version shampoing il paraît (un buzz récent, provoqué par une grande phrase d'une grande intellectuelle, l'a prouvé ).
    Les femmes qui ne peuvent avoir de règles pour des raisons x ou y apprécieront, de même que les femmes ménopausées (qui, jusqu'à preuve du contraire, sont tout de même encore des femmes). Ce genre de propos peut peut-être expliquer pourquoi certaines femmes ont/avaient si peur de la ménopause ?... (mais moi, j'attends que ça )
    Enfin, moi, du moment qu'on m'impose rien, j'dis rien...

    Et aussi :

    • mais personne ne me l'a jamais dit !

    À moi non plus :).

    Dans la même discussion, j'ai aussi eu le droit à :

    • saigner sous pilule, ça me rassure parce que je sais que je ne suis pas enceinte.
    (ben, non.) L'étudiante me l'a assuré mordicus (ben, non quand même).
    • faire une pause dans la prise d'hormones, c'est certainement bon pour le corps
    (tu fais comme tu veux. Après, l'effet des hormones se poursuit pendant encore une semaine après l'arrêt de la prise, du coup, je ne sais pas si le corps y voit une réelle différence au bout de 20 ans. Donc, si jamais tu penses que ne pas prendre d'hormone c'est mieux, autant ne pas en prendre du tout et opter pour un DIU/stérilet au cuivre, ce serait plus logique)
    • on ne peut tomber enceinte sous pilule que si elle est mal prise
    (faux, elle peut aussi ne pas être assez dosée si tu es jeune et donc avec des ovaires qui pètent le feu :-) )
    • plus on prend la pilule / toute autre contraception hormonale longtemps, plus c'est difficile ensuite de faire des enfants (ben non)
    • le préservatif, c'est quand même la contraception la plus sûre
    (non, sans blague ?! j'ai cru que j'allais tomber à la renverse :) )

    Et c'était des filles qui avaient fait une première année de médecine, et qui sont de très bonnes étudiantes...

     

    Mon dieu, mon dieu, mon dieu .
    Franchement, je ne comprends juste pas (pourtant, j'ai essayé, et j'essaie encore, j'vous jure !)... Avant, je ne me doutais pas que les gens étaient si peu ou si mal au courant pour une bonne partie, et maintenant, je me demande pourquoi.
    C'est effarant l'information (non, la mésinformation) des gens à propos de la contraception.
    (je sais, je radote encore, mais j'ai du mal à m'en remettre)

    À ce gros problème d'information, je vois une première raison : les informations sont majoritairement peu ou mal données.

    Du côté de chez le médecin, ce dernier ne les dispense le plus souvent pas énormément d'explications (en témoigne le « je fais comme mon médecin m'a dit, sinon, je sais pas »), ou avec une trèèèèès trèèès grannnnnde parcimonie (chère toubib dépassée... « bon, tu prends les trois semaines de la plaquette, et tu fais une pause la quatrième. Reviens dans trois mois pour une autre ordonnance »).
    J'inclus là dedans nombre de généralistes et nombre de gynécologues. Si jamais vous avez un toubib qui vous explique tout, bénissez-le. Offrez-lui des cookies et des muffins en plus de vos 23 € (car un toubib comme ça, c'est un bon investissement).

    En revanche, je ne parlerai pas d'éducation sexuelle à l'école, puisque de toute manière, je ne sais même pas ce que c'est, ni en quoi ça consiste.
    Mais, je peux parler des manuels de SVT (car oui, j'ai eu des manuels quand même).
    Je ne vous dirai pas comment j'étais en pétard en lisant mon manuel de Terminale (le sujet de la reproduction est (ré)abordé en Terminale, une double-page à propos de la contraception sur deux chapitres je crois bien).
    J'avais trop l'impression de ne lire que des informations mensongères (mais que fait l'UFC-Que Choisir pour les manuels de SVT ?) en matière de contraception :
    • Commencer une contraception le premier jour des règles (mon oeil).
    • Un stérilet (qu'on devrait nommer DIU - dispositif intra-utérin - puisque ça ne rend pas stérile, 'fin bref...) seulement pour les femmes avec enfant(s) (mon oeil).
    • Des examens "obligatoires" pour la prescription d'une contraception (mon oeil).
    • Aucune mention de l'effet spermicide du cuivre d'un DIU (il serait seulement anti-nidatif).
    Si déjà, l'information dispensée par les manuels de SVT était correcte...

    Mais il n'y a pas que ça. Quelles sont les sources d'information qui peuvent tomber sous les yeux des gens (enfin, ici, sous les yeux des filles / femmes ?) en général ?
    OK, internet. On peut y trouver des sites biens ( exemple, exemple et bien sûr celui-là). Mais si beaucoup de gens consultaient ces sites, ils seraient sans doute beaucoup mieux informés qu'ils ne le sont maintenant.
    Et je suis persuadée qu'il y a aussi...
    ... les magazines féminins (mon dieu, il faut que je résiste à rédiger un article sur la misogynie des magazines féminins)
    Je ne lis pas les magazines féminins. Sauf dans les toilettes de ma mamie. On peut y trouver Elle (enfin, ça c'est plutôt dans la chambre), Femme actuelle, Pleine vie.
    Ce genre de magazine est très riche d'enseignements. Je peux en témoigner.
    On pourra ainsi vous répondre que si vous souffrez atrocement lors de vos règles (parce qu'il y a souvent une page « médecine » dans ces torchons magazines), deux solutions qui s'offrent à vous.
    Soit prendre des jours de congés pour vous installer avec une bouillotte sur le ventre sur votre canapé pendant que vous vous transformez en serial-killeuse potentielle ou en excellente candidate au suicide soit... accoucher par voie basse.

    (un instant, double syncope en cours)
    ...

    (de rien. c'est pour vous rendre service ! 4 € 90, merci !)

    Il y a aussi beaucoup beaucoup de bouche à oreille en la matière (« on m'a dit que... » « une amie m'a dit que... » « il paraît que le médecin de machin lui a dit... »). Et le bouche à oreille, c'est aussi le meilleur moyen de propagation des informations fausses (« j'ai une amie qui s'est passée de ses règles pendant un an, ouais, elle a pissé le sang pendant un mois après ! ». Son médecin aurait peut-être donc pu lui dire que même en ne la prenant pas en continu, l'arrêt de sa pilule aurait peut-être eu exactement les mêmes effets ? Parce que là, ça fait un peu « effet apocalypse »).

    Mais, seconde raison. Et non la moindre à mon avis.
    Les gens que j'ai croisés/lus ne vont pas non plus spécialement chercher l'information, ni se poser de question.
    Parce que les gens que j'ai croisés ne s'interrogent pas. Enfin, pas beaucoup je trouve.

    Je ne compte plus les (ça, je ne comprendrai jamais) filles qui suivent ce que leur médecin leur a dit sans poser de question : « je fais comme on m'a dit », « je fais confiance à mon médecin » et surtout les « non, je me suis jamais posée la question ».
    OK, pourquoi pas... Je veux bien, mais ne pas se poser de question sur ce qu'on va ingérer quotidiennement, euh...? C'est pas un peu bizarre, non ?
    (je comprends paaaaaas les geeeeens !)

    Du coup, là, c'est moi qui m'interroge...

    En cours de physiologie endocrinienne, cette année, on a (re)vu dans le cadre du cours sur les hormones sexuelles stéroïdes le fonctionnement de la pilule (oui, avec les informations données, ça m'a encore énervée, même au niveau Licence...).
    J'avais à côté de moi une camarade (moi qui me mettait là parce que généralement personne ne s'y installait. râpé !). À un moment, je ne sais pas ce que j'ai dit à moi-même, je sais juste que c'était à propos de la suspension du cycle et qu'à une question de ma camarade j'ai répondu (ça m'avait rendue de mauvaise humeur) « Ben évidemment que ça bloque l'ovulation, c'est le principe » tandis qu'elle me regardait « Je sais pas, je me suis jamais intéressée au fonctionnement de la pilule ».
    Oui, nous sommes bien en deuxième année de Licence de Biologie ...

    Mais si encore ce défaut d'information ne concernait que les gens eux-mêmes, et qu'ils ne se transmettaient pas à d'autres de fausses croyances... Comme celui qui pensait que la pilule ne se prenait que les jours où l'on avait des rapports sexuels et non tous les jours pendant toute la plaquette (un instant, Nanou en triple syncope).

     

    Mais franchement... qui sont ces gens qui ne se posent pas de question ?
    Bref, pour une bonne partie des gens que j'ai croisés, l'information ne leur vient pas toujours, ou mal. Mais d'un autre côté, ils ne vont pas spécialement non plus aux informations...

    Torts partagés.
    (et Nanou atterrée)

     

    (je crois que j'ai bien fait de ne pas tout mettre dans le billet d'hier. 1 900 mots, 2 200 pour ce billet, ça aurait fait beaucoup !)

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