• « Je veux des yeux qui brillent ! »

    La journée était bousillée d'avance. Plus précisément, depuis 18 h, dimanche, hier.

    Sur Skype : « Dis, tu as imprimé les papiers pour demain ? ». Voyons ma chère, moi, imprimer des choses pour l'anglais ? ça ne va pas ? Et puis je vois la fin de la phrase « pour le module de projet professionnel ».
    ...
    On a module de projet pro lundi ? ça veut dire qu'on finit plus tard ? nooooon ! (eh ben si !).
    Bref.
    Ajoutez à ceci une pluie qui mouille (mais oui), des présentations d'anglais interminables. Et, clou dans la semelle de chaussure, que le fabuleux panini montagnard de la cafétéria avec son extatique sucré-salé à base de fromage à raclette et de ketchup (cherchez pas. C'est di-vin) s'est vu remplacer son ketchup par des oignons (par. des. oignons. Oui. J'ai bien dit DES OIGNONS !!!!). SACRILÈGE !

    Bref. Tout ceci pour conclure la journée sur un module de projet pro.

    Ce genre de module que j'ai chaque année depuis la L1, et qui, à chaque fois, demande d'apporter un CV et une lettre de motivation (à ceci près que maintenant, j'ai un CV plus étoffé et une lettre de motivation) pour qu'un intervenant provenant d'un domaine généralement fort lointain de la bio (ou même au sens large, du milieu scientifique) vous fasse la leçon sur qu'il est bien de mettre ou pas dans l'un ou dans l'autre. Et vous savez quoi ?
    D'une. Année. Sur l'autre.
    C'est. Jamais. Pareil.
    L'exacte. Inverse.
    (soupir)

    Ce sont donc dans de passablement mauvaises prédispositions que votre nain favori s'est rendu à son module de projet pro (car oui, votre âne préféré est quand même un peu professionnel et se rend toujours à tous ses cours, même les plus chiants).
    Les yeux un peu vitreux et blasés.

    Et on nous les a même pas demandés. Ni le CV, ni la lettre de motivation.
    Finalement, le programme fut bien plus intéressant.

    Car au programme, chaque individu de la classe devait se présenter en quelques minutes, dire ce qu'il fichait ici, par où il était passé, où il se voyait dans un an (nulle part).
    Avec style de la présentation commenté itou itou.
    Qu'à cela ne tienne, désormais, l'âne binoclard du premier rang connaît ainsi tous les prénoms des gens de sa classe (du coup, il a l'impression d'être intelligent).

    Les gens défilent. Il est intéressant de voir le cheminement de chacun, pour finalement tous nous retrouver, par volonté de toujours ou presque par hasard, dans ce Phare Ouest où tous les coups seront permis pour obtenir une thèse. La vocation pour certains, la curiosité pour d'autres, mais tout de même énormément de points communs.

    La présentation de l'une d'entre nous fut tellement bien racontée qu'on s'imaginait parfaitement son cheminement en image dans nos esprits : en arrière-plan les parents, les rencontres, les boulots en parc zoologique, la découverte de cet univers et de l'envers du décor, la logique naturelle jusqu'ici... L'intervenante nous a arrêtés pour nous dire « Vous avez vu là ? Vous les avez vu les yeux qui brillent ? Et bien. C'est génial quand on peut voir ça. Je veux ça ! »

     

    Tu veux des yeux qui brillent ? Ne t'inquiète pas mamie tu vas en avoir !

    Une fois appelé, votre âne nain s'est donc élevé (enfin, levé est déjà un bien grand mot, puisqu'entre assis et debout, la différence de taille n'est guère flagrante). Pour un Me, Myself and I imposé d'environ 3 mn, sur Daktari, son niveau en maths digne d'un blaireau (si si, citation texto) qui la complexera toujours (enfin, ça, le blaireau, il l'a pas dit à l'oral...), que l'année prochaine elle se voit très loin d'ici, et que l'objectif de sa vie, c'était (je cite) « de passer tout le reste de [sa] vie à triturer des tripes et à mettre ses mains dans le bide de tous les animaux possibles et imaginables ».

    L'assemblée était passablement choquée. En tout cas, son rire était franchement nerveux et affreusement mal à l'aise.
    Un "Psychopathe !" a fusé du premier rang (chère camarade, saches que tu le payeras ! *rire diabolique*).

    Vous savez quoi ?
    Le blaireau à ce moment il est quasiment sûr que ses yeux brillaient tellement qu'avec, on aurait pu allumer un bûcher de CV et de lettres de motivation au milieu de l'Antarctique qui aurait tenu jusqu'à la fonte totale des glaces. Rien que ça.

    Tout ça pour conclure : les gens ne savent pas ce qui est bon.

    Parce que c'est vachement cool de jouer aux billes avec un œil de chat*.

     

    * Citation orale également.
    L'âne pense que ça a achevé son auditoire.

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